A travers cette page, j'ai voulu vous faire découvrir un peu plus que la toile finie. Pénétrez un peu plus dans l'univers de Daniel  Authouart : comment fait-il pour débuter? Quelles sont les idées qui lui viennent à l'esprit? Ses réflexions? Comment disposer ses idées sur la toile? 


Ce qui suit est extrait du dossier documentaire sur "Le manège de l'avenir".
Huit études de composition et 17 dessins ont été effectués par l'artiste pour aboutir au tableau final.

Commentaires de l'artiste :
Sur l'étude en haut à gauche : "Mettre un truc comme ça en page, ce n'est pas évident. Si tu le mets bêtement droit, c'est moche. Si tu respectes les proportions, c'est moche, parce que si tu veux voir ce qui est très beau dans le manège, c'est-à-dire la forme du toit, en forme de toupie, il faut que tu sois placé haut. Et si tu te places assez haut, tu n'as plus l'impression de participer parce que tu n'es plus à la hauteur des personnages. En réalité, tout est déformé."
Sur l'étude principale : "C'est les petites notes que j'avais faites pour situer des personnages nouveaux que je voulais amener : 'serpentins dans manèges', ils ne sont pas peints, mais on les mettra ; 'famille guindée', elle est partie ; 'sac à provisions', il est parti ; 'vieux papiers', ils sont partis. 'Confettis'. Ah oui. Alors là, j'avais pensé un moment faire partout sur le tableau des confettis. Peindre le tableau tranquillement, et puis après peut-être avec des feuilles de papier perforé, peindre plein de confettis partout [...] ça ne rendait pas, parce que ce n'était pas architecturé, ces petits points".

1er essai de division du chapeau de manège, pour que la vue ne soit pas gênée par les montants verticaux
Commentaires de l'artiste : "Je les ai mis en faisant en sorte que, lorsque j'aurai mon tracé en perspective, je retrouve en face de moi un quartier et non pas un poteau". "J'avais placé d'une certaine manière pour voir où allaient arriver mes poteaux. Ca ne marchait pas, alors j'ai été obligé de décaler. Car si j'avais fait ça, j'aurais eu le poteau juste au milieu. Et comme c'était surtout ce que je ne voulais pas, j'ai donc décalé et je me suis servi de ça pour faire l'autre. C'est aussi là que je me suis aperçu qu'il fallait que j'aille à onze quartiers. C'est un truc typique. Onze, ce n'est pas possible, donc le gars qui travaillerait d'après une photo, il ne pourrait pas y arriver".

Commentaires de l'artiste : " Ca c'est la construction mathématique que j'avais faite pour vérifier si le manège tel que je l'avais déformé (parce que je l'avais disloqué à deux ou trois reprises) pouvait malgré tout se justifier encore. Alors j'ai pris les dislocations que j'avais imaginées et je les ai construites de la manière la plus rigoureuse qui puisse se faire en dessin. J'ai commencé ça à deux heures du matin et j'ai terminé à sept heures du matin ! En somme il y a plusieurs points de perspective : j'ai un point de fuite pour le plafond, un point de fuite pour le sol et un troisième pour l'horizon. Ce n'est pas naturel, parce qu'en plus j'ai incliné le manège. Compte tenu de tout ce que je voulais voir et de la manière dont je voulais le voir, j'étais obligé d'avoir une division en onze quartiers. Alors que ce n'est pas logique du tout. Ou c'est six ou c'est douze. Je voulais qu'il y ait un panneau qui ouvre bien, frontalement, qui ne soit pas quand même complètement central. Donc, partant du cercle divisé en onze, je l'ai mis en perspective dans l'espace et je l'ai élevé en hauteur. J'aurais pu

l'élever droit, mais ça aurait été un manège tout bête. En réalité, je l'ai élevé de façon inclinée. C'est pour ça que l'on voit par exemple une ligne noire ici et qu'ici on voit une ligne rose. C'est un décalage insensible de la ligne de terre.

  Commentaires de l'artiste : "Ca c'était des recherches. C'était vaguement une  implantation de l'écume dans le manège, mais à vrai dire, je n'ai pas poursuivi".


"C'est les vagues. Je n'ai pas fini de travailler dessus. Ce que j'ai découvert dans les autres (et je suis resté longtemps à les regarder), c'est le fait que l'écume, une espèce de mousse (je me demande toujours quand je la vois si ce n'est pas du 'Bonux'), en réalité, elle est rarement blanche. Elle est souvent mauve, rose, beige".

"La mer n'est pas finie. Parce que c'est toujours mon truc -je ne sais pas si j'ai raison d'ailleurs - je pourrais prendre une photo, la projeter et il n'y aurait plus qu'à reproduire. Mais c'est mon truc de vouloir comprendre comment fonctionne le mouvement de la vague et de dessiner le mouvement plus que ce que je vois. Parce que quand tu vois le mouvement, tu vois des espèces d'arabesques qui s'enchaînent, mais quand tu fais une photo, ça fige, et je crois que tu ne comprends plus les arabesques qui s'enchaînent. Alors, ce que j'essaie - je n'y suis pas encore arrivé, mais j'y arriverai - c'est justement

de traduire un dessin figé, ce mouvement-là"